Interview Yohan Ruso : J’ai décidé de fermer EspaceMax
Rédigé par Emilie Hash pour BVP 2 commentairesNouvellement actionnaire et président de Dugivers, l’ex-DG d’eBay France stoppe l’activité de vente en ligne du groupe pour développer le showroom parisien Catherine Max.
Yohan Ruso, vous avez quitté la direction d’eBay pour devenir l’un des principaux actionnaires et le président de Dugivers, qui opère le site Espace Max et le showroom parisien Catherine Max.
Quel est votre projet pour ce groupe, qui a récemment frôlé le dépôt de bilan ?
Ma première décision consiste à fermer Espace Max. Le site perdait de l’argent et son modèle économique ne fonctionnait pas. Concrètement, il organisait des ventes événementielles et commercialisait des articles des collections en cours de marques de mode chic, le plus souvent différentes des marques partenaires du showroom. Je pense en particulier que le fait d’acheter en ferme les stocks a été une mauvaise stratégie, le site n’ayant pas la dynamique nécessaire pour savoir ensuite tirer profit de leur revente. Depuis huit jours, Espace Max est donc en pause. Le suivi des livraisons et le service client sont bien sûr toujours actifs, mais il n’y a plus de ventes organisées ni d’articles commercialisés. Nous verrons plus tard si nous relançons le site ou pas.
Nous nous recentrons donc sur le métier historique de Dugivers, c’est-à-dire le showroom Catherine Max. En allant du Web vers la vente physique, nous sommes bien conscients de suivre un chemin contraire à beaucoup d’acteurs, mais je suis convaincu que cette tendance va s’affirmer en 2012. Car plus largement, la rentabilité des sites d’e-commerce représente une vraie problématique. On ne peut pas soutenir perpétuellement des activités qui ne sont pas rentables. Pour ce qui nous concerne, Dugivers s’est lancé dans l’e-commerce et n’y est pas arrivé, aujourd’hui nous assumons. Quant à nos actionnaires financiers, ils sont toujours à nos côtés, ils ont soutenu l’entreprise à chaque fois qu’elle en a eu besoin et ils sont partenaires des décisions prises dans le cadre de cette nouvelle stratégie.
Que comptez-vous faire du showroom ?
C’est la première activité de Dugivers. Proche de l’équilibre, il pèsera environ 18 millions d’euros en 2011, un chiffre d’affaires à peu près stable par rapport à 2010, soit plus des deux tiers des revenus de Dugivers. Il existe depuis environ vingt ans, occupe plus de 1000 mètres carrés près du Trocadéro, à Paris, et travaille avec 150 marques prestigieuses. Les ventes sont réservées aux membres, qui sont cooptés et s’acquittent d’une cotisation de 20 à 300 euros par an.
Nous allons dynamiser cette activité en renforçant nos liens avec les marques déjà partenaires, en développant nos relations avec des marques chics plus jeunes et en rajeunissant notre clientèle pour nous concentrer sur les femmes actives aimant les marques branchées et pointues. Enfin, nous lancerons début 2012 un bouquet de services à forte valeur ajoutée pour les marques, basé en particulier sur un fichier clients très exclusif.
Vous estimez-vous toujours concurrent des sites de ventes événementielles ?
Notre showroom offre une autre proposition de valeur que les sites de ventes privées, ceci d’autant plus que nous avons des marques qui n’iront jamais sur Internet. Nous sommes vraiment sur le créneau des ventes de presse, comme aux débuts du showroom Catherine Max. Ne croyez pas, d’ailleurs, qu’opérer dans l’enceinte de quatre murs nous empêchera de nous développer : nous pouvons envisager d’ouvrir de nouveaux showrooms, proposer de nouveaux services… Quant au monde physique, le seul autre acteur de notre segment, les ventes de presse sur Paris, est Adèle Sand (propriété du site de ventes privées Brandalley, ndlr).
Source : Journal Du Net