Les dérives du déstockage : où en est-on 7 ans plus tard ?
Rédigé par Emilie Hash pour BVP 6 commentairesAu printemps 2011, France 5 diffusait le reportage de Valérie Rouvière intitulé « Ventes privées, un marché de dupe ». De fil en aiguille, l'enquête mettait en évidence l'existence d'un réseau de production au rabais visant à fabriquer des articles de qualité inférieure pour les vendre à des prix soi-disant cassés.
Ces « productions spéciales » étaient dès lors écoulées comme des invendus de collections passées dans les magasins d'usine, solderies et ventes privées.
Une pratique mensongère
Ces révélations firent l'effet d'un véritable raz-de-marée au sein des associations de défense des consommateurs. Concrètement, un même article (de prêt-à-porter notamment) acheté en magasin et en vente privée ne profitait pas de matières et finitions identiques, alors même que la référence affichée sur les étiquettes était la même. Dès lors, les pourcentages de remise affichés sur les produits « déstockés » étaient clairement sur-estimés de façon à faire croire à l'acheteur qu'il réalisait une bonne affaire.
Interrogée sur la question, la DGCCRF (répression des fraudes Française) avait avoué son impuissance face à l'ampleur d'un tel phénomène. Car de Pierre Cardin à Calvin Klein en passant par Ralph Lauren, tous les grands noms de la mode auraient pratiqué « la fabrication de second choix ». Avec ce reportage et d'autres qui suivirent, un pavé avait toutefois été lancé dans la mare : Vente-privee.com, Showroomprivé et consorts étant désormais sous le feu des projecteurs, la pratique devait cesser...
Où en est-on aujourd'hui ?
Pour continuer à proposer régulièrement des articles de grandes marques à prix bradés, les spécialistes du déstockage se sont rapprochés de leurs partenaires pour trouver des alternatives. L'une d'elles a consisté à augmenter les volumes de production pour tenir compte des besoins spécifiques au déstockage. L'idée est donc de fabriquer plus que les besoins des réseaux de distribution traditionnels afin de disposer tout au long de l'année de pièces pouvant être vendues moins cher.
Mais la pratique la plus populaire consiste à créer de véritables collections ou gammes destinées spécifiquement au déstockage. Les articles de grandes marques, qui sont toujours fabriqués à bas coût, sont ainsi différents de ceux que l'on peut acheter dans les boutiques des réseaux officiels. Et on ne peut ainsi plus parler de « second choix » ni de « production spéciale ».
Se renseigner avant d'acheter
Sachant cela, il convient donc de croiser les données en effectuant une recherche avant de passer commande (via Google ou le site de la marque). 2 cas de figures sont possibles :
- si la référence existe sur le site de la marque, vous pouvez vous attendre à un niveau de qualité habituel ;
- si la référence ne semble exister nulle part, il s'agit certainement d'une production spécifique avec de fortes probabilités que la qualité soit moindre.
Notez toutefois que certaines sociétés peu scrupuleuses mettent à jour leur site ou en créent carrément de nouveaux peu de temps avant le lancement d'une vente privée pour induire les internautes en erreur. Bien évidemment, les prix qui y sont affichés sont largement supérieurs à ceux pratiqués dans le cadre des ventes privées. Une pratique là encore difficile à sanctionner pour la DGCCRF, mais qui reste heureusement très rare chez les grandes marques.